Enfant précoce à l’école. En parler aux professeurs ? Comment ?

L’enfant précoce à la maison et à l’école. Deux mondes. 

L’enfant à haut potentiel, du côté maman.

Il y a fort, fort longtemps, j’ai péché. Oui, je l’avoue, je me suis gaussé devant un reportage télé présentant le désarroi de parents d’enfant précoce. « De quoi se plaignent-ils !? Moi, si j’avais un enfant ayant autant de facilités pour apprendre, je serais contente ! ». Une instance supérieure a dû m’entendre et se gausser à son tour « Ah oui, tu fais la maline, eh bien tiens, t’es enceinte et tu ne rigoleras pas tous les jours lorsque ton enfant précoce sera scolarisé ! ».

Durant les premières années, répondre aux nombreuses questions de l’enfant ne m’a pas posé de problèmes (en tant que prof de sciences, j’ai l’habitude des questions sur la vie en générale et l’univers en particulier). Là où ça a coincé, c’est lorsque j’ai dû répondre aux questions (et accusations) des professeurs ! « Pourquoi il ne sait pas attendre lorsqu‘il a fini un exercice !? Il est hyperactif, il doit voir un médecin! », « Pourquoi il cherche la petite bête lorsqu’on explique une chose ?! Il est insolent, il doit voir un psy !», «Son graphisme est mauvais ! Il doit voir un psychomotricien!» Bref, je me suis mise à raser les murs à la sortie de la primaire et j’ai appris à baisser la tête lorsque j’étais convoquée. Comment expliquer que oui, il a tout de l’enfant hyperactif, mais cela a débuté étonnamment en maternelle, lorsqu’il a fini par comprendre qu’à l’école on apprend lentement, si lentement…

L’enfant à haut potentiel, du côté professeurs.

Ça c’était du côté maman. Mais la prof que j’étais a vite réalisé l’envers du décor. Parce qu’en salle des profs (ou à la cantine), les mêmes mots étaient prononcés à propos d’élèves que je trouvais stimulants et attachants ! J’ai appris à traduire : « insolent » signifie « qui pose des questions auxquelles je ne sais pas répondre » ; « arrogant » signifie « qui s’est permis de relever une erreur dans mon résumé/énoncé » ; « fatiguant » est à remplacer par « j’ai autre chose à faire que de lui proposer des exercices personnalisés ». Je voyais bien que ces élèves, faussement sûr d’eux, étaient en souffrance. Il m’a été plus facile (plus facile, pas facile !) de plaider leur cause auprès de mes collègues en tant que prof que de plaider la cause de mon fils auprès de son enseignante !  

Parce qu’en tant que maman, on est pas crédible. Encore une mère qui passe tout à son enfant et le pousse ! » Oui, j’avoue (encore !) j’ai poussé mon enfant ! Je l’ai poussé à attendre et à ne pas réfléchir. « Non, tu apprendras ça à l’école… plus tard. ». « Tu dois obéir à la maîtresse sans réfléchir». Attendre et ne pas réfléchir, voilà ce que l’école nous oblige à enseigner à nos enfants… Je pense (enfin j’espère) que mon fils n’a pas eu de chance dans la loterie des enseignants. Il en a connu seulement 2 de formidables à la primaire. Les autres ont (presque) réussi à me culpabiliser d’avoir un enfant qui ne rentre pas dans le moule.

Mon enfant ne rentre pas dans le moule.

enfant surdoué qui ne s'adapte pas à l'école

Moi non plus, je ne rentrerai pas dans le moule !

Cet enfant est brut de décoffrage, il est sans filtre et ne sait pas mettre de l’eau dans son vin (eh bien, avec cette phrase, on imagine une brute de 8 ans, une gauloise au bec et un verre de rouge à la main ! Bravo l’auteur !). Lorsque j’expliquais (au moins une fois par semaine) à mon fils qu’il devait s’adapter et ne pas toujours dire ce qu’il pensait, il me répondait invariablement « Mais c’est mentir ! Je ne veux pas mentir ! » Mon Dieu ! mon fils ne sera jamais politicien !

Enfant précoce, en parler ou pas à l’école ?

Chaque année, la question revenait donc : dois-je expliquer à l’enseignant le fonctionnement de mon enfant au risque de passer pour une mère poule ? Ou dois-je attendre d’être convoquée, au risque de laisser s’installer un quiproquo indélébile entre l’enseignant et l’enfant ? » J’ai tout testé. Je n’ai rien dit, comme si le mot précoce était un mot tabou. Le problème est que l’enfant non plus ne disait rien. Il ne racontait rien de ses problèmes « parce que c’est toujours pareil ». Puis j’ai présenté le profil de mon enfant comme on annonce une malédiction (avec gêne et en redoutant les conséquences de cet aveu). Montrer pattes blanches avec un test de QI peut aider. Il a l’avantage d’apporter une preuve extérieure que vous n’êtes pas « encore un parent persuadé que son enfant est un génie ». Il faut juste éviter d’arriver en brandissant le papier comme une coupe du monde, ce qui risquerait d’agacer légèrement l’enseignant. À garder en poche et à sortir sur demande du prof. D’ailleurs, les enseignants qui ont du nez s’en passent très bien. Ils ont déjà senti le potentiel (de rapidité, d’imagination, d’originalité, d’humour…). Ce qui ne les empêche pas de trouver l’enfant FATIGUANT, et sur ce coup-là, on les comprend ! Surtout pour les garçons. Oui, j’ose le dire « les garçons et les filles réagissent différemment devant l’ennui ». Non ! pitié ! ne me dénoncez pas pour discrimination ! Oui, il y a autant de filles que de garçons précoces ! Mais, elles, elles savent (pour la plupart) mettre de l’eau dans leur vin… Elles excellent dans l’art du camouflage. Je les appelle les Caméléons. De vrais Ninjas. Des Caméléons Ninjas, en fait ! Si votre fille est un Caméléon Ninja, vous serez tranquille. Pas de convocations ni de pleurs. Mais cela ne signifie nullement que l’enfant ne s’ennuie pas ferme et ne dépérit pas en classe. D’où la nécessité de compenser à la maison. C’est pourquoi je vous présente régulièrement des jeux, livres et activités remue-méninges. Si vous avez une fille qui, à l’école, ressemble à un ours polaire dans la jungle, ne m’insultez pas ! Je n’évoque pas cette ‘majorité’ masculine sans raison. Preuve en est ce très sympathique repas partagé avec une trentaine de parents d’enfant précoce d’une association. Ils étaient là, comme moi, pour se sentir moins seuls devant les difficultés. Eh bien, devinez… Ils avaient TOUS des garçons. On en a même ri (rires nerveux teintés d’épuisement).enfant surdoué école comportement

Bon alors, je fais quoi, moi ? 

En parler ou non ? Quel constat terrible de réaliser que, nous, parents, ressentons de la peur à l’idée que notre démarche risque de se retourner contre l’enfant ! Oui, en France, nous en sommes encore là. On a mal au ventre de savoir notre enfant seul dans la cour, moqué par les autres élèves (qui le traitent même de ‘débile’!) et on redoute le regard de l’enseignant si on lui expose le problème ! Il veut bien aider les élèves qui en ont « vraiment besoin », mais votre enfant, s’il est si malin, il n’a qu’à s’adapter ! Le parent se retrouve dans la même situation que l’élève harcelé, n’osant rien dire de crainte que la situation n’empire. C’est fou ! Alors, on rencontre le professeur ou pas ? Pesons le pour et le contre :
Votre enfant a des copains et aucun problème d’apprentissage ? C’est déjà bien, inutile de prendre rendez-vous. 
Vous voyez que votre enfant s’ennuie (sans forcément s’en plaindre), mais qu’il aime l’école. Inutile aussi d’ameuter l’école sur ce point. Par contre, poussez votre enfant à demander poliment d’autres activités lorsqu’il a fini un travail. Il peut également demander à aider les autres ou bien avoir l’autorisation de dessiner ou lire. 
Votre enfant n’a aucun copain et un mal-être en période scolaire ? Tâtez le terrain avec un premier rendez-vous sans évoquer la précocité. Préparez tout de même votre discours (voir plus bas) au cas où l’enseignant en parle de lui-même. Mettez en avant le mal-être de l’enfant et non son ennui. Voyez avec l’enseignant comment améliorer son intégration au sein de la classe (par exemple, faire travailler l’enfant en binôme).
Votre enfant est un Ninja caméléon qui se plaint de s’ennuyer ? Là encore, il faut ‘évaluer’ l’enseignant avec un premier rendez-vous. Sans avoir l’air de remettre ses méthodes en cause ! Éviter les mots « ennui » ou « trop facile ». Évoquez plutôt la tendance de l’enfant « à décrocher » lorsqu’il ne fait rien et le risque de démotivation. Gardez en tête que l’enseignant doit gérer des classes de plus en plus hétérogènes et ne peut pas individualiser les apprentissages. Dites-le-lui et évoquez en premier lieu des petits aménagements qui ne lui demanderont aucun travail supplémentaire. S’il reconnaît des qualités à l’enfant et accepte quelques spécificités (dessiner en écoutant le prof, lire quand le travail est fait, parler doucement pour aider les voisins), ce sera déjà formidable !  
L’enfant est maltraité par l’enseignant ? Ça arrive beaucoup plus souvent que ce que l’on peut croire ! Là, il faut sortir l’artillerie lourde. Prenez rendez-vous avec le directeur d’école ou le Principal. Voyez si un saut de classe en cours de route est possible, histoire de changer d’enseignant. Sachez que c’est toujours possible mais c’est au bon vouloir des enseignants. Cela concerne le professeur actuel mais également celui qui l’acceptera dans sa classe. Or, si l’enseignant de la classe supérieure n’entend que du mal de votre enfant, il risque fort de refuser de l’accueillir. Il est donc judicieux de le rencontrer avec l’enfant (sans passer par le directeur ou le prof actuel). 

Article LE SAUT DE CLASSE

Comment présenter un enfant à la fois précoce et hyperactif ?

Dans ce cas, il faut rencontrer le professeur avant qu’il ne vous convoque. Car vous serez convoqué-e. Encore et encore. Croyez-moi, je sais de quoi je parle ! Le professeur focalisera alors sur l’agitation sans voir le mal-être de l’enfant, son isolement et son ennui. Du coup, on vous demandera de vous occuper de l’hyperactivité de l’enfant alors qu’elle est exacerbée par un système scolaire inadapté. Cet enfant, qui subit une double peine, a de grandes difficultés à s’intégrer. Son agitation gène les autres élèves qui le trouvent bizarre. Ceci est parfois accentué par l’attitude cassante de l’enseignant. La précocité le fait cogiter et, n’osant pas aller vers les autres, l’enfant peut devenir provocateur en classe pour se faire remarquer des autres élèves. Il ne comprend pas que ce n’est pas la bonne méthode. « Je préfère me faire remarquer en mal que pas du tout » me répétait mon fils. La professeure s’indignait de son agitation en classe. Par contre, le fait qu’il passait toutes ses récréations seul, accroupi contre un mur, la capuche sur la tête et la tête entre les genoux, ne semblait pas la déranger. Il faut donc expliquer à l’enseignant que la clé est de l’aider à s’intégrer. À l’époque je n’avais pas de textes officiels décrivant cette personnalité atypique. Ces textes sont essentiels car l’enseignant y reconnaitra son élève. Vous ne serez plus un parent qui pense que son enfant est à part. Parce que, justement, on ne veut pas qu’il soit à part !  

Dites à l’enseignant (sauf si vous le sentez psychorigide) à quel point tout ce qu’il dit et fait est important pour votre enfant ! Si c’est le cas pour tous les élèves, l’enfant précoce surinvestit la relation à l’enseignant. Après l’école, il rentre à la maison, transporté de joie ou atterré de tristesse. Il n’y a pas de milieu.

Je vous invite à lire l’article sur l’enfant hyperactif.  

Offrez des munitions à l’enseignant désarmé devant un enfant précoce.

Après avoir corrigé des centaines de copies, préparé les cours et cherché de la documentation sur la dyslexie, l’enseignant ne se dit pas « Tiens, j’ai deux minutes, je vais demander à google comment aider un enfant à haut potentiel ! » Et pourtant, il existe des textes officiels. Pourquoi ne les reçoit-il pas dans sa boîte mail pro ? Mauvaise communication ou bien les instances supérieures se disent-elles que le mail finira à la poubelle ? Pourquoi à la poubelle ? Parce que tous les profs n’ont pas la vue de Superman et, il faut bien le dire, la façade de l’enfant précoce n’est pas reluisante : difficultés à s’organiser, à nouer des relations, graphisme grossier, réactions émotives disproportionnées, etc. Lorsqu’on n’a pas le même loustic à la maison, on ne pense pas d’emblée à la précocité intellectuelle ! Et comment deviner que cet enfant pinailleur possède une estime de soi au ras des pâquerettes et serait prêt à céder sa collection de dinosaures pour avoir un copain ! Lire un document officiel décrivant ce petit extraterrestre et expliquant comment réagir aidera fortement l’enseignant. Inutile de chercher une info dans le très sérieux education.gouv qui regorge de blabla ou renvoie sur une page de scolarisation des élèves en situation de handicap. Le seul lien qui aurait pu être utile est un lien mort…Non, non, aucune analogie avec l’école… Allez,  je vous ressuscite ce document de 3 pages

Petit aparté : vous noterez que les documents parlent d’enfant à haut potentiel (EHP) ou Enfant Intellectuellement Précoce (EIP). Je navigue personnellement entre enfant précoce, EIP et EHP simplement parce que c’est plus court.

Un document intéressant expliquant le profil des EIP :
Conseil pour la scolarité des EIP (9 pages écrites par les médecins du service du Dr REVOL, LA référence en matière d’EIP !). Petite réflexion personnelle : le fait que les médecins se soient intéressés à ces enfants avant l’Éducation nationale en dit long …

Les dispositifs officiels pour les élèves à haut potentiel.

Document EDUSCOL (18 pages) partant du constat que les EIP ne réussissent pas forcément dans les apprentissages scolaires, ce document donne des pistes  (saut de classe, personnel éducatif pouvant intervenir…). Il présente les particularités cognitives de l’EIP (les mieux connues) mais également les particularités sociaux-affectives et comportementales (ce qui ouvre des horizons souvent inconnus à l’enseignant).Il présente également les deux dispositifs pouvant être mis en place. Le PAP et le PPRE.
Le PAP (Plan d’Accompagnement Personnalisé ) est le plus simple. Vous le trouverez en page 14 du document EDUSCOL. Pour plus de précisions, voici un autre lien qui vous dit tout. 
Le PPRE (Programme Personnalisé de Réussite Éducative) peut aussi vous être proposé par l’équipe éducative. Voir page 13 du document EDUSCOL.

Les référents académiques EIP (appelés aussi référents EHP).

Vous êtes totalement démuni face aux chevaliers de l’Éducation nationale barricadés dans leur château fort? Tout n’est pas perdu ! Car vous avez des alliés dans la place !  Les Référents académiques EIP. Le référent EIP est chargé d’informer le personnel éducatif sur ces enfants à besoins éducatifs particuliers. Il est également médiateur à ses heures, lorsqu’une situation est bloquée. Chaque académie doit pouvoir vous fournir les coordonnées de ces personnes en les contactant par mail. Trouver le nom du référent sur un site académique relève souvent de la chasse au trésor. Pour vous faire gagner du temps, voici le lien vers la page du site prekos.fr listant les référents

La page outils pour les EIP de Paris présente de nombreux liens intéressants, même si vous habitez une autre académie.

Je suis précoce. Mes profs vont bien ! Un livre à « oublier » en salle des profs.

Et voici un livre incroyablement bien fait. Écrit par Elsa Autain-Pléros, enseignante et mère d’EIP. Bien plus petit que les nombreux ouvrages sur les enfants précoces, il les bat tous par son exactitude, son efficacité et surtout son côté pratique. On ne le referme pas, comme beaucoup d’autres, en se disant « Ok, mais je fais quoi, maintenant ?! »

En plus des conseils sur l’accompagnement scolaire, l’auteur aborde les relations prof-élève et explique avec tact aux enseignants tout ce que vous n’oserez jamais leur dire. Par exemple, que le regard qu’il porte sur votre enfant influence le comportement de toute la classe. Ou bien que cet élève a une définition très précise du mot respect, définition qui peut différer de celle de l’enseignant, d’où les quiproquos…

L’auteur a également publié Je suis précoce; Mes parents vont bien. L’avantage de Je suis précoce. Mes profs vont bien, c’est de pouvoir l’offrir à un prof ‘cheval de Troie’. J’entends par-là un enseignant assez ouvert pour s’interroger sur les EIP et faire circuler le livre dans son établissement.

En voici le sommaire (cliquez dessus pour agrandir) : 

Nourrir les enfants précoces.

Il y a encore beaucoup à dire sur les enfants précoces. Ce sujet est donc voué à s’étoffer. Pour ne rien manquer, rejoignez-nous. Dans le mail de bienvenue, vous recevrez automatiquement 2 pdf d’activités pour les enfants (star Wars et jouer avec les mots et les formes). L’activité « jouer avec les mots » est particulièrement appréciée des enfants ayant de l’imagination. C’est une activité ‘tout âge’ à faire en famille.  


Je propose régulièrement de quoi nourrir ces petits affamés. Je recherche toujours des livres et jeux titillant les neurones 😉 Vous trouverez un échantillon de ces bonnes idées en cliquant ICI. 

J’espère que cet article vous aura fourni des munitions. Munitions non pas ‘contre’ mais ‘offertes’ aux enseignants afin d’améliorer ensemble l’école, lieu de vie de nos enfants.
Bon courage à vous et à bientôt,
En attendant, n’hésitez pas à partager votre propre expérience ou poser des questions dans les commentaires. 
Delphine 

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Enfant précoce, relations avec l'école et le professeur.

20 réflexions sur « Enfant précoce à l’école. En parler aux professeurs ? Comment ? »

  1. Le , Plume a dit :

    Bonjour,
    Merci de cette page très instructive.
    En complément, j’ai envie de vous inviter à chercher lire sur les profils « philocognitifs », qu’une équipe Lyonaise a rebaptisé et distinguant deux types, après plusieurs années a étudier des IRMs. Ils séparent donc le complexe et le laminaire, sachant que ce ne sont pas du tout profils strictes ( on peut avoir un fonctionnement 50/50, 80/20, etc.)
    Et ça n’a rien à voir avec garçon/fille, mais cela explique pourquoi certains s’adaptent et d’autres non ! 🙂
    par exemple à lire ici : https://textualites.wordpress.com/2019/03/30/les-philo-cognitifs-ils-naiment-que-penser-et-penser-autrement-de-fanny-nusbaum-olivier-revol-et-dominic-sappey-marinier/ )

    Attention aussi certains enfants s’adaptent dans la contrainte et dans la douleur, pour survivre à un environnement qui leur semble dangereux ou toxique. Dans ce cas ils peuvent brider leur potentiel ou se saboter, et ça n’assure certainement pas leur épanouissement.

    Merci et beaucoup de bonheur à vous et vos lecteurs, malgré tous ces tracas scolaires 🙂

    PS: je trouve l’appellation « précoce » un peu paradoxale, car , comme vous l’avez si joliment écrit dans l’article sur le changement de classe, le tomate de variété vertes ne deviendront jamais rouge. Ort les philocognitifs, zèbre ou autres haut potentiels ne sont pas rapide, précoce ou doués sur tout ni pour tout 🙂

    • Le , Delphine a dit :

      Merci de ce commentaire et du lien. L’article est très intéressant et le livre cité forcément à recommander. Olivier Revol est un précurseur dans le domaine de l’enfants dit précoce, ou enfant à haut potentiel, ou maintenant enfant philo-cognitif (qui est un terme, il est vrai, plus précis mais moins connu par les parents désemparés recherchant des informations). L’important est de comprendre et aider ces enfants.

  2. Le , Choupinet a dit :

    Merci pour ce super article, qui m’a aidé à prendre ma decision. J’ai apprecié votre humour et votre côté franc.
    Oui je vais prendre rdv avec la maîtresse et non je ne parlerai pas de sa potentielle précocité.
    Petite fille de 5ans 1/2 Qui adore sa maîtresse et qui est d’ailleur adoré par celle ci, à tel point qu’elle l’aura eu en moyenne et grande section. C’est une enseignante qui refuse de comprendre les difficultés que nous pouvons rencontrer avec notre fille. Pour elle le problème est à la maison mais pas à l’école. Actuelement Ma fille est parfaitement cadré par sa maîtresse strict et exigeante, alors pourquoi s’inquiéter? Le souvenir de la petite section, elle s’est transformé en monstre abominable/ ingerable à l’école et à la maison. Que va t il se passer à son arrivé au CP? Alors on croise les doigts pour qu’elle tombe sur une enseignant qui sera la prendre, je vais tenter de parler de ses particularités pour que sa maîtresse actuelle la dirige vers une maîtresse compréhensive l’année prochaine.
    Et je reviendrais lire cet article avant chaque rdv d’enseignant pour ne pas commettre d’impair 😉

    • Le , Delphine a dit :

      Merci pour les compliments, ça me fait très plaisir !
      Effectivement, on n’ose pas « prendre les devants », mais c’est une année entière qui est en jeu. Et lorsqu’il y a plusieurs enseignants de cp, autant tenter d’orienter la décision des enseignants lors de la création des classes. En y allant doucement, comme vous l’avez bien noté 🙂 Ceci est valable (info pour les lecteurs) aussi pour ne pas séparer deux copains (ou copines) !
      À bientôt !

  3. Le , Chrislag a dit :

    Bonjour Delphine,
    Un énorme merci pour cet article qui me permet de me sentir moins seule et qui me conforte dans certains de mes choix…
    Sans entrer dans les détails, j’ai 3 garçons (CM2, CE1, GS) chacun avec un profil différent, ce qui nous a amené à en tester 2 (le grand et le petit) qui ont vraiment du mal à « rentrer dans le moule » et à « cacher leur ennui »… Devant les difficultés récurrentes que nous rencontrons chaque année (on a un peu l’impression de jouer à la loterie à chaque rentrée : est-ce que cette année nos enfants auront des enseignants qui leur conviendront ? oui j’ose, c’est aussi à l’enseignant de convenir à l’enfant !), j’ai proposé aux directeur/trice des 2 écoles concernées de venir discuter avec eux de « ma vie de maman d’EIP ». En préambule, je leur ai proposé une petite enquête « made home » pour savoir un peu sur niveau de connaissances sur cette question. Résultats : aucun retour (malgré relance et promesses vides) de l’école maternelle (ben zut alors, c’est quand même là que se fait le 1er « dépistage »…) et une enquête remplie pour 100% des enseignants de l’école primaire mais aucune suite donnée, puisqu’ils veulent une intervention par un « spécialiste compétent » si possible de l’EN (dans le 93, c’est de l’utopie, les EIP ne sont vraiment pas la priorité du rectorat…)
    Mais le plus intéressant, c’est que j’ai aussi fait cette démarche auprès du centre de loisirs de école maternelle et que là, ça a marché au-delà de mes espérances : enquête répondue collectivement, RDV réguliers l’année dernière pour des petites interventions de ma part (j’avais totale liberté sur le fond et la forme de mes interventions donc c’étaient vraiment des échanges). Et en fait, je me suis rendue compte que les plus mal lotis sont ces animateurs qui ont vraiment à coeur de s’adapter au mieux à TOUS les enfants, sans le cadre rigido-rigide de l’EN mais qui n’ont souvent aucune formation/information sur les EIP… Et ils m’ont certifié que mes interventions les ont vraiment aidés à adapter leur animations, jeux et projets éducatifs à ces enfants, et qu’ils ont l’impression de mieux détecter certains signes maintenant… A tel point qu’ils m’ont à nouveau sollicitée cette année et que ma venue est attendue de pied ferme…
    Et ma question maintenant est « que pourrais-je faire de plus à mon niveau pour faire avancer la question et faire qu’un jour les mots « précocité intellectuelle » ne soient plus tabou ?

    • Le , Delphine a dit :

      Bonjour,
      Pour de nombreuses raisons, sensibiliser à la précocité est extrêmement délicat. Pour le refus de la primaire, j’imagine 3 raisons à cela :
      -Vous êtes parent (et donc non professionnel, comme ils le disent), ils n’ont donc pas l’assurance que vous maîtrisiez le sujet et que vous sachiez vous exprimer clairement en public.
      -Ils craignent que vous parliez uniquement de vous et de vos enfants.
      -Pour toute intervention extérieure, le directeur a de la paperasse à remplir, ce qui est non incitatif lorsqu’en plus, on ne connaît pas les qualités de l’intervenant.
      Le point positif est le 100% de réponses des profs de primaire. Aussi, peut-être qu’un coup de pouce du référent EIP de votre académie serait-il possible. Comme vous le dites vous-même, il est certainement surchargé et n’intervient qu’en cas de problème. Mais s’il échange au téléphone avec vous, il pourra « rassurer » le directeur d’école quant à vos connaissances sur la précocité. Vous pouvez lui (référent et/ou directeur) envoyer par mail un plan des sujets que vous voulez aborder.

      Quant à la maternelle, les enseignants (et même les parents) ont tendance à penser que les enfants sont trop petits pour que l’on s’intéresse à leurs capacités et leur avenir. Mais cela peut se faire en 2 temps. Une fois que vous serez intervenue en primaire, si cela s’est bien passé, ce sera beaucoup plus facile pour la maternelle.

      Mais gardez à l’esprit qu’il y a encore plus difficile que de vouloir parler de précocité avec un enseignant : c’est vouloir lui « apprendre quelque chose » 😉
      Aussi, voyez quel peut être le prof « cheval de Troie » de l’école et offrez-lui le livre présenté dans l’article (Je suis précoce, mes profs vont bien) en précisant bien que ce livre a été écrit par un professeur !
      Dites-vous que si tout cela n’aboutit pas, vous avez déjà aidé de jeunes animateurs et, comme le colibri de Pierre Rabhi, vous avez fait votre part.
      Bon courage à vous et à vos trois garçons.

  4. Le , Martin a dit :

    Tellement ça, tellement bien décrit. Merci.
    Maman et enseignante, avec la même «  erreur » de début de carrière pour le premier petit précoce dans la classe, puis parcours très compliqué avec une fille dès la moyenne section de maternelle, à raser les murs au moment de la sortie, à envoyer le papa aux rendez-vous des maîtres. Je passe sur les horreurs entendues dans la salle des profs, dans les réunions pédagogiques (à avoir honte d’être Enseignante), maltraitance morale de la part d’un maître et directeur opposé au saut de classe…changement d’école en cours d’année, déménagement…tout y est. Dire où ne pas dire? lectures, conférences, rencontres dans une association où je confirme, elle était la seule fille. L’important est de savoir qu’on s’en sort en rencontrant des personnes en O.R 😉sur ce long chemin semé d’embûches.

    • Le , Delphine a dit :

      Effectivement, nos deux parcours sont en tous points les mêmes (harcèlement de l’enfant y compris). Je ne sais pas si vous êtes enseignante dans le premier ou le second degré (je parie pour le second à cause de la salle des profs plutôt que la salle des maîtres, j’ai juste? 😉 ). De mon côté, en tant qu’enseignante au collège, je trouve frustrant de ne pouvoir aider les élèves en difficulté (que ce soit dans les apprentissages ou en souffrance psychologique) que 1 à 2 heures par semaine. Je sais que les conditions de travail des professeurs des écoles sont parfois très difficiles, mais l’accompagnement des élèves au quotidien permet un vrai soutien. L’impact de ces enseignants sur la vie des élèves est faramineux (pour le présent et le futur de l’élève). D’où ce sentiment d’impuissance du parent priant la Déesse des profs (la grande Mutation) pour placer un enseignant compréhensif/curieux/expérimenté sur la route de son enfant. J’espère que votre fille a fini par trouver « son école ».
      Bienvenue à vous et à bientôt,

  5. Le , Laurie Michaut a dit :

    Article très intéressant. C’est toujours le même problème, quand nos enfants ne rentrent pas tout à fait dans les cases. J’hésite toujours à parler aux professeurs. mes enfants (filles et garçon) sont des calmes, qui ne font jamais de vagues mais la grande a fait de la phobie scolaire en rentrant en 6ème tellement elle s’ennuyait que sa réalité ne correspondait pas à ce qu’on a pu leur vendre de difficulté. mais de là à en parler? aucun de ses instit n’a rien vu, elle lisait en cours mais elle ne gênait pas, les autres idem. ils ne gênent pas, donc on les laisse dans leur coin. mais ils détestent l’école. mais le plus dur, c’est les enseignants qui font comme si cela importait. quand elle a fait son blocage, ses enseignants étaient tous cool avec elle, prêts à mettre en place plein de trucs pour qu’elle revienne en cours. mais si les discours étaient beaux, dans les faits, rien ne s’est jamais produit et elle s’ennuie toujours autant.

    • Le , Delphine a dit :

      Oui, je comprends votre frustration car on en arrive à se dire qu’un enfant qui s’ennuie « mais n’a pas de problème », c’est un moindre mal. Mais ces enfants précoces caméléons finissent par détester l’école. Essayez de leur expliquer que si l’école est mal faite (on est d’accord!) ils ne doivent pas en payer le prix (ne pas poursuivre les études les amenant vers un métier qui les intéresse). Il faut être plus malin que l’institution. Si l’enfant bloque, c’est elle qui gagne. Ils doivent trouver leur moteur. Faire « ce qu’il faut à l’école pour toujours avoir le choix pour leurs futures orientations » mais avec détachement. Et se cultiver, se nourrir, se passionner, se lancer des défis (apprendre le chinois, les échecs etc), se relaxer (yoga), se vider la tête (sport) pour ne pas déprimer. C’est malheureusement uniquement à ce niveau que les parents peuvent intervenir, mais cela peut suffire à ne pas faire une fixation sur l’école. Le côté défis est important car au collège (et je sais de quoi je parle), tout est fait pour que tout le monde ait de bonnes notes, alors les enfants précoces sont au-delà de l’ennui! Et les enseignants ont d’autres soucis qu’un élève qui ne pose pas de problème… Apprenez-leur ce que l’école n’apprend plus : le goût de l’effort. Pas besoin des matières scolaires pour cela ! Bon courage à vous et à vos deux enfants.

  6. Je viens de lire votre article avec beaucoup d’attention! Je suis une adulte à haut potentiel qui a beaucoup souffert pendant sa scolarité, mariée à un haut potentiel qui lui a été poussé et soutenu dans sa scolarité. Et nous avons maintenant une petite tornade qui devrait rentrer à l’école en septembre prochain et ça me questionne en tout point…Pourvu qu’elle vive sa scolarité comme mon mari, pourvu que ses enseignants soient gentils, bienveillants …. Comment faire si nous la voyons en souffrance…

    • Le , Delphine a dit :

      Dites-vous que votre fille aura un vrai point fort : des parents qui la soutiennent. Certains hp se sentent seuls à l’école mais aussi chez eux… Donc c’est déjà un bon point pour elle 🙂 Ensuite, comme vous serez vigilants, en cas de problème, il existe aujourd’hui »hui davantage de solutions comme les écoles alternatives (parfois moins chères que ce que les parents pensent) ou l’école à la maison, ou le saut de classe (pour échapper à un enseignant pas sympa). Invitez dès le début de l’année des camarades d’école pour qu’elle ne soit pas isolée. Et si ça se trouve, elle va se faire rapidement des copains et sa maîtresse sera super ! Ne stressez pas car elle va le ressentir. Demandez à votre mari de lui raconter des anecdotes sur sa scolarité (sans décrire l’école comme un monde merveilleux). Voyez mon article sur la rentrée en maternelle. Et vous nous donnerez des nouvelles !

  7. Le , AUBE LEBEL a dit :

    Bonjour
    pour l’avoir rencontrée je recommande fortement madame Paris responsable de la cellule eip Paris.
    Quand à prévenir les enseignants…. c’est un risque à courir mais cela peut être catastrophique si il n’est pas bienveillant. Nous l’avons fait au collège. Au mieux il n’y a eu aucun changement au pire il s’est moqué de ma fille devant la classe (tu n’est pas un génie va voir un psy) qui depuis ne veut plus que l’on en parle à quiconque : sa confiance dans les adultes est totalement détruite  » personne ne peut me comprendre » et tout le travail d’acceptation de sa « différence » est à refaire.
    Peut-être d’abord rencontrer le professeur sans en parler, voir comment il perçoit votre enfant et avancer caché ( en donnant des indices et voir comment il les perçoit) avant de tout dévoiler serait à posteriori plus judicieux.

    • Le , Delphine a dit :

      Bonjour Aube,
      Vous avez tout à fait raison ! Si l’enfant n’a pas de problème d’adaptation, il vaut mieux ne rien dire. Mais lorsqu’il y a « problème de comportement » comme disent les professeurs, le parent se trouve devant un dilemme. D’un côté, le comportement de l’enfant nécessite explication, et de l’autre côté, on aimerait éviter d’avoir à ‘avouer’ sa particularité. Tout cela est compliqué et difficile à vivre pour l’enfant et les parents (ce dernier point étant totalement ignoré des enseignants). Donc oui, il faut tâter le terrain avant de se lancer et c’est un atout précieux d’avoir un appui (référent EIP, CPE, Copsy, un rapport de test de personnalité mettant à jour une hypersensibilité, etc). Dans l’article je parle de repérer la personne « Cheval de Troie », c’est-à-dire cibler un enseignant ouvert à la question. Mais je suis bien placée pour savoir que souvent, on ne la trouve pas. Il y a 10 ans, lorsque mon fils était au collège, il valait mieux tout cacher. Aujourd’hui, pour un grand nombre de parents, rien n’a changé. Si ce n’est de pouvoir passer par une personne « officielle » comme le référent EIP qui sera plus crédible aux yeux des enseignants que les parents souvent soupçonnés d’idolâtrer leur enfant.
      J’ai eu effectivement de bons retours à propos de la référente de l’académie de Paris, madame Paris (la bien nommée).
      En tous cas, je vous souhaite bien du courage à vous et votre fille. Ce qui améliore la vie de ces enfants c’est d’avoir au moins un bon copain. Malheureusement, à cet âge, l’enfant se focalise sur les enseignants et en oublie de ‘nouer des relations’. Voyez de ce côté (dans sa classe ou en récréation, dans un groupe théâtre par exemple). Si vous êtes sur Paris, voyez dans les groupes EIP enfants sur Internet (si elle n’a pas d’ami(e) proche). Le soutien des proches est essentiel mais j’imagine que je ne vous l’apprends pas. C’est un peu de douceur dans ce monde de brutes…
      À bientôt j’espère,
      Delphine

  8. Le , Sylvie a dit :

    Bonjour Delphine,

    Merci pour ce super article très clair et bien fourni. Je m’en vais de ce pas commander le livre « Je suis précoce, mes profs vont bien » pour l’offrir à une amie qui est prof dans le collège de mon fils.

    Merci également pour vos articles qui sont toujours intéressants !

    A très bientôt.
    Sylvie.

    • Le , Delphine a dit :

      Bonjour Sylvie,
      Comme je passe beaucoup de temps pour chaque article, ça me fait plaisir de savoir qu’ils plaisent. Et il y a tant à dire ! Merci pour avoir pris le temps d’écrire un commentaire.
      À bientôt,
      Delphine

    • Le , Delphine a dit :

      De rien Pascale ! Même si la solution miracle n’existe pas toujours, il est déjà réconfortant de ne pas se sentir seule et de ne pas culpabiliser d’avoir un enfant qui ne rentre pas dans le moule étroit de l’EN ! À bientôt,
      Delphine

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